C’est aujourd’hui un lieu commun de dire que « Rouge Midi », le deuxième film de Robert Guédiguian allait inaugurer en 1983 une carrière de cinéaste placée sous le signe du « rouge » et sous celui de l’Estaque.
En effet, tout au long de ces années de pellicules, Guédiguian n’a cessé d’honorer à sa façon et avec ses moyens, un contrat passé avec la classe ouvrière et les paysages dont il est issu, et plus généralement avec la société toute entière avec l’espoir utopiste mais toujours assumé, de la faire changer.
En cela, toute spectatrice, pour peu qu’elle soit de gauche et méridionale et qu’elle aussi l’assume, est assurée de trouver dans les films de Guédiguian ce qu’elle veut entendre, et ce qu’elle aime voir ou aimerait entrevoir à l’horizon d’un lendemain qu’elle espère meilleur …
Et « La Villa », s’inscrit bien dans la continuité militante de son auteur.
Ainsi qu’il en est dans toute utopie, le décor est planté dans un microcosme, celui de la calanque de Méjean où ont vécu, vivent ou retournent des personnages en quête d’une réflexion sur leur passé, leur présent et sur les incertitudes d’un devenir commun, réflexion que la venue inattendue de migrants, et particulièrement de jeunes enfants, sauve pour l’intérêt du film d’une dérive trop égotiste en la déportant à l’échelle du monde…
Il y a bien là conformité de l’auteur aux valeurs qui lui ont été transmises et que Guédiguian toujours décline dans son cinéma ; conformité frôlant ici un certain conformisme dans la reproduction à l’infini de héros à la psychologie et aux réflexes familiers au point de faire aujourd’hui du spectateur ce témoin omniscient qui anticipe les situations et les dialogues !
Les films « Le promeneur du Champ de Mars » et « L’Armée du crime » ont été nécessaires ; ballader sa caméra « ailleurs » est un réflexe salutaire pour Guédiguian qui a permis à son cinéma de passer du personnel à l’universel et ainsi oxygéner un peu les salles…
Vivement le prochain « clap » et son claquement sec qui assurent à nouveau le réveil du spectateur et …la SYNCHRONISATION !!!
Jacqueline Vesperini